28 septembre 2005

Voie de garage


Je lisais il y a quelques temps que Jean-Denis Lejeune, le père de la petite Julie, l'une des victimes de Marc Dutroux, allait quitter Child Focus. Child Focus est une fondation de droit belge reconnue d'utilité publique qui met tout en oeuvre pour retrouver des enfants disparus et pour combattre leur exploitation sexuelle. La présidente générale et le président du CA y font de l'excellent travail.
Je me réjouissais bien entendu de cette nouvelle, car, malgré tout le respect et la compassion que j'ai pour Jean Denis Lejeune, je ne pense pas qu'il possédait les compétences, même en communication et recherche de fonds pour la fonction qu'il exerçait là-bas. Son poste semblait plus une compensation, si vous voyez ce que je veux dire.
Cela étant, Il annonçait donc son départ de Child Focus, ce qui devait faire du bien à cette fondation qui doit avoir du mal à nouer les deux bouts et qui se voit donc débarrasser d'un salaire (de trop).
Je me suis hélas réjouis bien trop vite... Je lisais aujourd'hui dans la presse populaire (populiste ?) belge, la Dernière Heure pour ne pas la citer, qu'il partait pour la Délégation générale aux droits de l'enfant dirigée par le moustachu Claude Lelièvre. Le rôle de Jean Denis sera selon Lelièvre d'être : «chargé de la communication et de certains projets », quelque chose donc de très vague. Le pire, c'est que Jean Denis Lejeune a reçu ce poste, ou faudrait-il dire cette nouvelle voie de garage, avec « l'accord des ministres responsables, Mme Arena et M. Eerdekens ». Cela ne fait pas du tout pantin baladé à droite et à gauche mais cela fait surtout tout à fait pitié de faire croire à cet homme qu'il a de l'importance... C'est vrai que sa notoriété (il a fait la une de la presse pendant des mois) jumelée à un travail sur le terrain (genre sonner aux portes, distribuer des tracts dans les centres commerciaux, ou même mettre sa photo et son nom sur ces tracts) pourrait peut être s'avérer plus rentable pour cette « délégation » que de lui confier la gestion de quoi que ce soit.
Dès son arrivée, Jean Denis a déjà prouvé son niveau de compétence en arborant une belle fausse moustache, pour faire le comique...la photo est assez explicite, je crois. Jean Denis Lejeune s'est directement mis au travail, lisez plutôt ce que dit La Dernière Heure : « Jean-Denis Lejeune a quitté Child Focus vendredi. Il était déjà à pied d'oeuvre lundi à la délégation avec son équipe de bénévoles, qui ont envoyé 5.000 courriers aux associations, services d'aides, écoles et autres pour annoncer son arrivée ».
Voila donc ce qu'il a fait, il a dépensé 2500 euros (à 50 centimes le timbre, sans compter les enveloppes et le papier) pour dire qu'il vient faire une nouvelle fois de la figuration... On peut espérer qu'il fera autant pitié aux gens qu'à moi et que finalement sa présence rapportera plus qu'elle ne coûtera.

26 septembre 2005

Allez les Blaireaux!


Je ne suis pas ici pour encourager ou me moquer des innombrables imbéciles qui peuplent notre chère planète, mais simplement vous donner un état des lieux du pays dans lequel je réside depuis quelques semaines, le Canada. Je m'efforcerais bien entendu de dépasser les stupides stéréotypes tout en donnant un avis qui ne pourra être qu'un point de vue personnel.
Pour commencer, il est important je pense de donner quelques informations brutes a propos de ce pays. Le Canada est le deuxième plus grand pays au monde par sa superficie mais ne compte que 30 millions d'habitants. L'état est de type fédéral et les différentes provinces et territoires (13 au total) jouissent d'une large autonomie (je ne rentrerai pas dans les détails). Le Québec, la deuxième plus grande province en nombre d'habitants (+/- 7.500.000 d habitants) après l'Ontario, est majoritairement francophone et tient fort à sa différence culturelle. Le Canada possède énormément de ressources naturelles. Le Gaz et le pétrole, additionnés aux ressources hydro-électriques permettent au pays d'être quasi autonome énergiquement. Cependant l'une des ressources naturelles principales est le bois, le Canada en est le premier producteur mondial. Le taux de chômage y est relativement faible, de l'ordre de 7,2%. Pour résumer il fait vraiment bon vivre au Canada, qui se classe souvent en tête du classement de l'indice de développement humain -IDH-, publié chaque année par le PNUD.
Après les chiffres bruts et ennuyeux, voici une autre vision du Canada, qui, je vous le rassure, est plus que positive. Tout d'abord, je serai obligé de tomber dans certaines platitudes qui se sont avérées exactes. Effectivement les canadiens sont des gens vraiment accueillants, serviables et polis (comme à peu près partout cela va de soi). Et pour des anglo-saxons (je me trouve en Ontario) ils n'ont pas la vulgarité des anglais moyens, ni la grossièreté des américains (ou l?inverse si vous préférez, pour rester dans les clichés). Cependant, il n'y a pas des obèses partout malgré l'omniprésence de toutes ces chaînes de fast-food et pizzerias. Bon il est vrai que je passe la plupart de mon temps sur un campus universitaire et fréquente surtout des étudiants, donc des gens éduqués, mais même à Toronto, je n'ai pas remarqué énormément d'obèses, et ce n'est pas par distraction, vu qu'on ne peut pas les louper...
Le Canada est une nation moderne et progressiste (pas dans le sens gauchisant -j'assiste, tu assistes, le PS assiste, nous sommes assistés donc nous n'en foutons pas une,...- du terme, mais dans le sens de l'ouverture d'esprit). Les églises sont bien séparées de l'état et c'est très bien comme ça, d'ailleurs les canadiens ne sont pas des excités de Jésus et consorts. Le mariage pour les homosexuels est tout à fait légal. Les canadiens sont des gens extrêmement tolérants, ce qui est souvent l'apanage des petites nations et/ou des nations multiculturelles. Il y a à Toronto la plus grande communauté chinoise hors de Chine, et dans ce Chinatown, le nom des rues est par exemple indiqué en anglais et en chinois. Pourtant ils sont assez intolérants envers une catégorie de personnes, Les fumeurs. La cigarette est interdite dans tous les lieux publics couverts mais même parfois à l'extérieur ! Ici sur le campus, par exemple on n'est prié (ici on n oblige pas ni interdit, mais on prie) de fumer dans des lieux indiqués à cet effet. Résultat, je ne fume plus depuis que je suis arrivé et c est très bien comme ça et je n'en ressens que rarement le besoin.
Evidemment je ne suis pas allé encore partout ni chez les bûcherons du Manitoba, ni chez acadiens, je ne peux donc pas (encore) généraliser. Comme chaque nation à ces têtes de turcs (Les français se moquent des belges, les belges se moquent des français, les anglais des français, les américains des français, les québécois des français,...) les canadiens se moquent des gros américains pleins de dollars et de SUV (alors que c'est la même chose chez eux, sauf qu'ils sont moins gros) et n'apprécient pas spécialement la politique néo-conservatrice américaine. Les anglophones se moquent des québécois. Je me rappelle les entendre railler Radio Canada, la chaîne de TV publique francophone, de ces maigres moyens par rapport à CBC (mais au moins elle est indépendante, pas comme une certaine chaîne publique francophone, devenue le ministère de la propagande du parti politique majoritaire...enfin là je m'égare en Europe). Radio Canada, quant à elle, m'a fait marrer à se moquer un jour d'un chanteur français qui était incapable d'aligner trois mots d'anglais, pour eux cela parait tellement inconcevable évidemment.
La télé, parlons en également. C'est bien, y a du choix et quant même un peu de qualité (un peu évidemment, mais beaucoup de pub, pour des assurances de toutes sortes), je n'ai ici hélas qu'une seule chaîne francophone, Radio Canada. Si vous aimez le sport, vous serez servi, si vous aimez le football, vous aurez du football américain. D'ailleurs le football américain pratiqué au Canada, est assez amusant à suivre, rien à voir avec la NFL.
A propos de sport, ici sur le campus, les infrastructures sont modernes et complètes. La pratique du sport est vraiment encouragée. Les équipes de l'université, les « Badgers » (en français les blaireaux, ça aurait pu être les putois ou les ratons laveurs, on l'a presque échappé belle) se distinguent dans les compétitions interuniversitaires. Des blaireaux ici vous pouvez en voir se balader sur le campus, la journée ils ont des boutons et des lunettes, et n'oublient pas de fermer le bouton du col de leur chemise, et la nuit ils se baladent dans les bois ou dans leur terrier, avec les putois et les ratons laveurs. Je n'ai pas encore vu de Caribou hélas, ni de match de hockey sur glace, mais ça n'a rien à voir, d'ailleurs la saison n'a pas encore commencée.
Sinon il y a bien entendu quelques éléments qui m'ont un peu embarrassés ici. Le premier d'entre eux est la différence de standard pour certaines choses par rapport à nos standards européens. Même si le Canada est passé au système métrique il y a une trentaine d'années, beaucoup de gens continuent à parler en inch, mile,... Au moins ici ça change tout doucement. A part ça, Le problème principal réside dans le courant électrique. Déjà que les prises de courant n'ont pas la même forme, en plus ici elles n'ont pas le même voltage. Enfin, un transformateur à 45 euros vous permettra d'utiliser votre rasoir électrique. Pour le portable, un bête adaptateur suffit. Un autre exemple, mais tout à fait futile celui-là, m'a marqué. Ici les classeurs n'ont pas deux anneaux, mais trois. C'est con, mais j'ai l'air fin avec mon méga bloc de feuilles n°1 de chez Carrefour à 1 euro. Je vais pouvoir m'acheter des blocs trois trous et des classeurs trois anneaux que je jetterai une fois parti d'ici. Je crois que je vais plutôt acheter des cahiers...
Si il fait bon vivre au Canada, il fait seulement bon vivre si on a d l'argent (encore un truisme, désolé il se fait tard) et ici il vaut mieux en avoir car ça coûte, mais combien exactement, telle est la question. En effet, ici une chose est tout à fait aberrante, les prix sont indiqués absolument partout taxes non comprises. Je ne comprends pas très bien ni l'intérêt ni la rationalité de cette loi. Donc quand vous voyez indiquez 5$, vous payerez 5$ +7% de 2,5$ de taxe fédérale +8% de 2,5$ de taxe provinciale, ce qui vous fait... Que vous ne savez jamais exactement ce que vous allez payez, et je me suis déjà retrouvé comme un imbécile dans la file du supermarché en ayant pas assez d4argent parce que j4avais pas pris en compte ces stupides taxes.
Une dernière chose, si la cigarette n4est pas encouragée, la consommation d?alcool ne l4est pas non plus. Il coûte cher, Il ne peut pas être consommé par les jeunes de moins de 19 ans et ne peut s4acheter que dans certains magasins d4état. Vous pouvez en consommez dans les bars et les restaurants, mais on hésitera pas à vous demandez de prouver votre âge. A moi qui ait 24 ans et très bientôt 25 et qui ne parait pas spécialement jeune, surtout avec mon front dégarni, on m4a déjà demandé plusieurs fois ma ID. Ils ne prennent pas de risque car les sanctions sont extrêmement lourdes si ils sont pris à servir de la bière à des ados de moins de 19 ans. Sinon, la région dans laquelle je me trouve est viticole et produit d'excellents vins (c'est amusant des français m'ont dit que le vin était dégueulasse, étonnant, non ?) D'ailleurs il y a ici à St Catherines en ce moment un petit festival du vin des plus attrayant.
Voila pour ce petit état des lieux tout a fait personnel. La prochaine fois, je vous expliquerai comment boire du sirop d'érable en compagnie de Joseph Idlout lorsque vous participez à une course de chiens de traîneaux entre des cabanes de bûcherons.
Aimé De Mesmaeker.

16 septembre 2005

Les manifestations sont une source inépuisable de bonheur.

La seule et unique fois où j'ai été voir une manifestation c'était un peu par erreur. Mon université (celle ou j'étudie, la chaire Jules-de-chez-Smith-en-face pour la destruction de la sociologie et de la psychologie devra encore attendre un peu) remettait des doctorats honoris causa à des personnalités, notamment, au Commissaire Lamy pour son action pour une 'globalisation maîtrisée'. Tout les alter, on trouvés ça très choquant. :Logique à toute épreuve sous le bras, ils sont allés faire valoir leur indignation à tous les passants in fine, deux ou trois étudiants indifférents) : A)Je ne suis pas d'accord B) donc je le fais savoir bruyamment ; en dépit d'un décision qui a été prise par la communauté académique, la même soit dit en passant qui permet un alter convaincu (Ricardo Petrella) d'enseigner en son sein et c'est très bien comme ça la diversité c'est effectivement la richesse d'une université. D'autant plus que durant la même cérémonie le même titre était attribué a Muhammad Yunus et à Joseph Stiglitz dont ont peut penser qu'ils ne sont pas des chantres du demoniaco-infernal néo-conservatisme. Donc, toute la petite troupe se met en branle pour stopper courageusement le cortège de professeurs ( on est jamais trop prudent les zalters avaient monté un barrage constitué de bancs d'école au cas hautement probable où sous leur robe d'apparat les membres du convoi académique aient caché un ou deux lance-roquettes portables sûrement fournis en prévision par le Mossad (nulle conspiration , forcément antidémocratique, n'est viable sans une alliance avec les USA ou Israël)). Puis une minute trente d'expression corporelle des plus artistique debout sur les susdites tables, avec faces enfarinées et mouvements robotiques accompagnés de slogans du plus bel effet. Aujourd'hui encore j'en ai des frissonnements qui me parcourent l'échine quand je singe songe à cette prestation. Mon seul regret est la façon dont les forces de l'ordre ont mis fin à la mascarade. Ayant un amour immodéré pour les autopompes ( surtout l'effet chien mouillé qui s'en suit), je dois dire que j'ai été amèrement déçu. Nulle autopompe, ni charge de cavalerie mais deux trois policiers bonhommes qui faisaient attention à ne pas faire mal aux artistes enfarinés en retirant la scène (bancale s'il est besoin de le rappeler) sous leurs pieds. En arrière ligne un maître chien mettait un brin d'animation, je suppose pour mettre une incisive barrière entre ,les manifestants, et le cortège d'académiques à maturité, peu enclin à battre leurs records de 110 mètres robe. Le canidé étant bien en peine de passer des regards amourachés pour son pandore de maîmaître aux aboiements plus dissuasifs que toute bombe lacrymogène. Plus le temps avançait plus le chien était perplexe et les manifestants reculaient. C'est fou la finesse de perception de l'instinct de ces bêtes là.

Delenda Porto Alegre