31 janvier 2007

Un peu d'histoire: le petit François

Je ne voudrais pas ici parler de l'actuel charismatique premier secrétaire du Parti Socialiste Français, mais de son fondateur décédé il y a déjà onze ans, François Mitterrand. Aujourd'hui les « bien pensants-donneurs de leçons » nous interdisent bien entendu de critiquer celui qui régna sur la France pendant 14 ans, l'homme de l'Union de la Gauche, de l'espoir, du changement, l'homme qui s'est battu toute sa vie pour un monde plus juste, ce résistant de la deuxième heure, celui qui comprit dès 1983 (après deux ans de nationalisations et d'augmentation -bien entendu conjoncturelle- du chômage) que le « socialisme » appliqué dogmatiquement n'allait peut-être hélas pas permettre à la France de devenir la lumière du monde qui guide les peuples...

Il est donc devenu difficile aujourd'hui de pouvoir critiquer ce petit homme par la taille. Il y a une sorte d'idéalisation du personnage venant de cette époque où il était encore permis de rêver, de croire qu'un autre monde est possible où tout le monde il est beau, gentil et égal. Le pauvre alter utopiste se demande bien aujourd'hui qu'est devenu cet espoir alors que le libéralisme, croit-il, ne provoque plus que précarité et délocalisation, que l'union des gauches est une chimère, que le spectre de l'extrême droite guette.

Et c'est justement à l'égard de ce dernier fait que Monsieur Mitterrand porte une odieuse responsabilité. Mitterrand est bien entendu critiquable pour certains de ces aspects, tels que son autoritarisme, son arrogance, ou certains de ces actes tels que la mise en scène d'une tentative d'assassinat sur sa personne, les fameuses écoutes téléphoniques, son cache-cache tumeur, ou la destruction psychologique de ces premiers ministres. Mais il est un acte répugnant, inadmissible, qui devrait être inscrit au fer rouge dans tous les livres d'histoire pour faire comprendre à tous les aveugles idéalistes que Mitterrand n'est en fait qu'un petit calculateur politicard et rien d'autre.

Revenons à l'année 1985. Mitterrand, se rendant compte que la gauche, après 4 années de mauvaise gouvernance, est très loin d'être sûre de gagner les élections législatives de 1986, change le mode de scrutin et passe à la proportionnelle. Quel était le but avoué de cet acte ? Ayant constaté aux élections européennes de l'année précédente la percée du Front National, Mitterrand se dit que tout simplement, la proportionnelle permettra au Front National de se renforcer et de ce fait d'affaiblir le centre-droit (Michel Rocard démissionnera du gouvernement suite à cette décision).

Voilà un Mitterrand bien machiavélique mais bien irresponsable puisque cela n'a fait que augmenter la visibilité du FN et lui a permis de s'installer durablement dans l'espace politique français. Pour ça je dis « Bravo tonton ». Hélas pour vous votre petit calcul d'épicier n'a pas fonctionné, le PS a perdu et Chirac est devenu votre premier ministre. Vous auriez peut etre du vous renseigner avant, l'electorat du front national est en partie representé par des cols-bleus décu par la gauche. Vous ne vous êtes donc pas seulement tiré une balle dans le pied (vous auriez peut-être du viser la tumeur) mais vous avez simplement poignardé dans le dos tous les démocrates au nom de votre soif de pouvoir.

On peut critiquer Chirac pour beaucoup de choses, mais pas pour son combat contre l'extrême droite. Jamais comme Mitterrand, il n'a joué avec la démocratie comme on joue à cache-cache (tumeur). Mitterrand n'étais finalement pas seulement petit de taille, il était surtout un petit monsieur tout court.