04 février 2008

Le mythe de l'Europe sociale


Certains mythes á propos de l'Union Européenne ont encore de beaux jours devant eux. Les eurosceptiques, particulièrement britanniques, pensent par exemple que l'Europe est déjà un super état qui menace la souveraineté nationale.

Dans un autre contexte, une certaine partie de la gauche et de l'extrême-gauche (souvent française) pense que l'Europe manque d'une dimension sociale, qu'une "Europe Sociale" est nécessaire et que le futur traité de Lisbonne, qui ne la mentionne pas - mais qui contient une Charte des droits fondamentaux - est donc à bannir.
Mais qu'entendent-ils donc par Europe Sociale? J'imagine que cela voudrait dire, en contre partie de l'intégration des marchés, un très haut niveau d'harmonisation des normes et politiques sociales. Cette idée paraît donc très louable au premier abord et cela peut sembler attractif quand on privilégie le dogme sur la réflexion. Cependant personne n'est capable de nous expliquer quelles politiques sociales on désire harmoniser et surtout comment transférer le financement de ces politiques sociales au niveau européen. De plus, les systèmes sociaux européens, comme les traditions des états membres en la matière, varient plus que sensiblement d'un pays á l'autre. On ne peut pas demander à tous les européens d'accepter un centralisme et un interventionnisme à la française. Ensuite, Une Europe "sociale" devrait donc aussi engendrer une certaine solidarité transfrontalière. Je pense que cette solidarité transfrontalière a ces limites. Les pays les plus nantis, qui sont en général les contributeurs nets du budget européen, vont-ils accepter cette fameuse solidarité transfrontalière, alors qu'une grande partie d'entre eux ont eu le courage politique de réformer leurs économies et leurs marchés du travail. Finalement, ce n'est pas la France qui serait bénéficiaire de cette solidarité, mais plutôt la Pologne ou la Slovaquie...

Je voudrais enfin rappeler que l'Europe a déjà un certain volet social qui est non négligeable. Tout d'abord, la libre circulation des travailleurs et la coordination des régime de sécurité sociale permet à tout ressortissant de l’UE d'avoir le droit de travailler, sans discrimination, dans un autre pays membre et d’y être socialement assuré. Ensuite l'UE défend l’égalité des hommes et des femmes. Cinq directives ont été prises depuis 1975 pour garantir l’égalité de traitement au travail, de rémunération et de sécurité sociale. Enfin l'UE défend le droit du travail, la protection des droits individuels, collectifs et garantie de la santé et de la sécurité sur le lieu de travail. Bien entendu, ce sont les états membres qui ont l'obligation d'appliquer ces directives et de contrôler qu'elles soient bien appliquées. Ce n'est plus du ressort de l'Union Européenne.

Ceux qui revendiquent cette fameuse "Europe Sociale" sont en fait ceux qui refusent d'accepter l'évolution du monde, et qui espèrent continuerà vivre en 2008 comme on vivait en 1965. Et dire qu'ils osent s'appeller "progressistes"!