22 juillet 2005

Green-pest


Pour une fois que Greenpeace défend un truc relativement défendable, je suis dans l'obligation de m'incliner. Bon, les méthodes sont les mêmes et frisent toujours l'écoterrorisme. Mais bon, contester contre une centrale au charbon est un moindre mal. Les vieux dogmes reviennent cependant au galop, en fin d'interview : «Il faut fermer les centrales au charbon polluantes (mouis, d'accord) et fermer les centrales nucléaires... polluantes (ha ha , et voila qu'on sort du bois)». Tout le monde peut vouloir qu'on arrête des centrales au charbon pour des raisons sanitaires et écologiques évidentes. Les réserves que j'émets sont de deux ordres. La forme, que je trouve toujours excessive et in fine contre productive et la remise en cause du nucléaire dans le même mouvement.

Là en effet, j'aimerais comprendre. Si on ferme une centrale, il faut trouver un substitut, ou alors j'ai raté les nouvelles découvertes de la thermodynamique.

Acte I, plus de charbon car il pollue trop; malgré son prix très compétitif, les externalités que son utilisation induit sont effectivement, pour moi, insoutenables à long terme.

Acte II, plus de nucléaire non plus (pour des raisons qui me semblent plus idéologiques que factuelles), il polluerait (sans plus de commentaire).

En ce qui concerne la remise en cause du nucléaire, je tique méchamment. Soit dit en passant, dès que l'on s'en prend à des idéalistes (et quel que soient par ailleurs leurs méthodes) on devient souvent méchant ou, au minimum, étroitement rationalo-matérialiste pour l'observateur bêta. Je ne dis nullement que le nucléaire ne pollue pas, je garde mes fausses déclarations pour plus tard, ça peut toujours servir. Je dis qu'en l'état actuel des choses, si nous voulons continuer à garder un confort énergétique constant il est inconcevable de sortir du nucléaire sans y substituer autant d'électricité produite au départ d'énergies fossiles qui sont par ailleurs très polluantes. Je pense qu'il est plus sage de nous débrouiller avec des déchets radioactifs en quantité restreinte que de produire des tonnes de CO2 dont les effets dévastateurs sont connus et difficilement confinables.

Pour en revenir à la substitution inévitable du nucléaire par du fossile, il faut pour que la production suive strictement la demande additionnée d'une marge de sécurité qui tamponne les variations très rapides de demande. Pour ce faire, le mode physique de génération d'électricité doit être flexible en quantité produite, autrement-dit dans une certaine mesure régulable par l'homme. Une illustration quotidienne de cette contrainte est qu'à l'heure du repas, il faut que l'on dispose d'une réserve d'électricité qui permette à tous de se faire à manger à l'aide de matériel électroménager gourmand en énergie. Donc tributaires d'une demande (qui est plus stricte encore pour les entreprises), il nous est impératif de satisfaire toute cette demande. Revenons à notre évocation gastronomique. Si après bouillonnement de l'eau, on vous coupe l'électricité avant la fin de cuisson de vos pâtes, elles ne seront jamais bien cuites; avec un peu de chance elles seront juste molles ce qui est une injure à de bonnes pâtes. De plus, l'électricité que vous avez utilisée précédemment est partie en pure perte car vous devrez recommencer exactement le même processus depuis le début. Donc, il faut pouvoir réguler à court terme l'intensité de la production. Dès lors, les énergies vertes atteignent souvent leurs limites, elles ne sont que rarement une source d'approvisionnement disponible en quantité, flexible et fiable. Les centrales hydroélectriques, qui sont extrêmement flexibles et donc répondent au impératifs infra, sont déjà installées où leur utilisation est profitable sous nos latitudes. Donc, il faut substituer à ce charbon soit du pétrole soit du gaz (qui sont toutes deux des méthodes qui rejettent massivement du CO2) et surtout pas de nucléaire c'est dogmatiquement impensable pour nos ecolofreaks. Voila j'étais aujourd'hui à moitié d'accord avec l'action de Greenpeace. Bientôt, je dirais tout le bien que je pense des économies d'énergie et des synergies.

Delenda Porto Alegre

Sources

Pour l'interview, c'était l'interview d'un responsable au cours du journal de la RTBF
photo: copyright Greenpeace

article de green peace sur cette manifestation: ici aussi